Cri d'alerte pour la Loire et ses affluents

09/10/2020 12:16

Communiqué de presse du collectif Loire Vienne Zéro Nucléaire

De vives inquiétudes se lèvent autour de l'avenir de la Loire et de ses affluents1.

La qualité et la quantité de ses eaux se dégradent de manière exponentielle et engagent l'avenir de la biodiversité et de la ressource en eau potable. Les espèces invasives, les techniques d'irrigation, les nitrates, les médicaments etc. sont évoqués par des chercheurs.

Mais il est une industrie dont l'impact sur le fleuve demeure puissamment occultée : l'implantation de la filière nucléaire.

Il semblerait que celle-ci soit devenue « intouchable » depuis qu'une intoxication médiatique menée de longue haleine la fait passer – du fait de son caractère faussement « décarboné » - pour LA solution au dérèglement climatique.

C'est oublier toutes les nuisances dont elle est la cause, depuis l'extraction de l'uranium, son transport, ses transformations, ses rejets et ses déchets... sans parler des accidents et des conséquences des essais nucléaires aériens !

Rejets réguliers en Loire et dans l'atmosphère

Rares sont celles et ceux qui prennent le temps de dépouiller les rapports publiés par les centrales concernant leurs rejets : radioactifs (iodes, carbone 14 et, surtout tritium), rejets chimiques (nitrates, chlore, détergents, métaux lourds...) et thermiques (puisque l'activité nucléaire non seulement prélève des quantités très importantes d'eau pour son refroidissement mais la réchauffe en aval de ses sites).

À ces rejets, il faudrait ajouter les nuisances liées à la quantité d’eau prélevée pour le refroidissement et non restituée au fleuve car évaporée.

Cependant, nous, riverains des 14 réacteurs en fonctionnement sur les sites de Belleville, Dampierre, St-Laurent, Chinon et Civaux, savons ce qu'émettent ces centrales dans l'air que nous respirons et dans les cours d'eau que nous buvons.

Depuis 2017, nous avons constitué un réseau de préleveurs citoyens, dûment formés.

Nous prélevons régulièrement des échantillons d'eau, de végétation aquatique et de sédiments en amont et en aval des 14 réacteurs en activité. Puis nous les envoyons pour analyses à un laboratoire indépendant, géré par l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest (ACRO), agréé par l'Autorité de Sûreté Nucléaire.

https://4bf91c89da.clvaw-cdnwnd.com/a908e820f9935e19686ce9d2806af8d5/system_preview_detail_200041287-253882538a/collectif%20Loire%20Vienne%20web.jpg

L’ACRO, dans un communiqué auquel nous nous associons, a rendu publics les résultats de ses mesures il y a quelques jours2.

Du tritium dans la Loire

Il s'avère que le tritium, petit atome d'hydrogène radioactif, rejeté en quantité... est bien présent en aval des sites et que sa concentration a tendance à se cumuler au fil de l'eau.

Or, cet atome peut se combiner avec de l'oxygène pour constituer une molécule d'eau, radioactive, qui peut intégrer la chaîne du vivant.

La norme fixée par les directives européennes est de 100 Bq/l (l'unité en vigueur). Lorsqu'elle est dépassée, une enquête doit être menée. Or nos prélèvements montrent que ça a été le cas en aval de Dampierre le 1er septembre 2019 par exemple (105 Bq/l) et, très largement, en aval de Saumur en janvier 2019 (310 Bq/l).

Ces rejets, non déclarés à l'avance par EDF, sont étroitement surveillés par l'IRSN. Cependant, l'Institut ne prélève pas tous les jours et affiche comme résultat une « moyenne » de ses mesures mensuelles. Si bien que des « pics » de rejets, dûs au fait que ceux-ci ne se mélangent pas de manière homogène dans le fleuve, peuvent ne pas apparaître du tout.

Or, les organismes vivants présents dans ces zones (qui, Saumur en est la preuve, peuvent bien atteindre 20 km depuis le point de rejet) peuvent l'absorber et lui faire intégrer la chaîne alimentaire.

Comble de malchance, le tritium est si petit que rien (ni métal, ni béton...) ne peut le piéger... et on peut le retrouver dans les nappes phréatiques, dans l’eau des poissons et dans l'eau de boisson !3

Ces rejets en Loire ont lieu 3 à 4 fois par mois, pendant 2 ou 3 jours, depuis toutes les centrales nucléaires riveraines du fleuve, et ceci, en activité normale.

Or, le « Livre blanc du tritium » publié par l'ASN4 nous rappelle que « nous ne pouvons constater qu'un manque de connaissances assez criant sur le comportement des formes organiques du tritium, avec très peu d'études et la plupart étant anciennes ».

Le tritium produit des rayonnements ionisants, dont nous savons qu'ils peuvent avoir un effet cancérogène, même à faibles doses5.

 

Nous, collectif « Loire Vienne Zéro nucléaire », ne saurions tolérer que, ni maintenant ni dans l'avenir, les êtres vivants soient mis en danger par la pollution de leur ressource en eau.

C'est pourquoi nous dénonçons absolument les effets de cette industrie mortifère et exigeons d'en sortir dans les plus brefs délais !

 

1- https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/emissions/les-documentaires-centre/documentaire-lanceurs-alerte-loire-film-choc-fleuve-sauvegarder-1881546.html

5 - https://fukushima.eu.org/les-faibles-doses-de-radiation-provoquent-des-cancers-selon-une-revue-de-26-etudes-scientifiques/