Belleville : Les légionelles pullulent (et la Loire trinque)

03/05/2024 19:51

Un évènement publié le 23 avril sur le site EDF 

Manque d’entretien et lenteur d’analyse génèrent pollution microbienne et rejets chimiques

Le 8 avril 2024, un prélèvement montre un taux de légionelles plus de 3 fois supérieur au maximum autorisé dans les circuits de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire. Pour éliminer ces micro-organismes pathogènes - qui sont rejetés dans la Loire avec les eaux chaudes produites par la centrale - EDF utilise des produits chimiques, qui finissent eux aussi dans le fleuve.

L’industriel ne dit pas comment il est possible qu’un tel taux ait pu être atteint : 320 000 UFC/litre [1] contre 100 000 maximum. Si les légionelles sont surveillées, c’est parce qu’elles sont des agents pathogènes. Ces micro-organismes, qui se développent dans les milieux humides et chauds, peuvent causer une infection respiratoire (la légionellose)  [2] . Lorsqu’elles colonisent les circuits de refroidissement d’une centrale, elles sont ensuite rejetées dans le fleuve avec les eaux chaudes, ou bien se retrouvent dans les déchets issus du nettoyage des tours aéroréfrigérantes. Les populations peuvent donc y être exposées. D’où l’obligation qu’a EDF de surveiller leur développement dans ses installations et de juguler leur prolifération.

Pour cela des systèmes existent. EDF annonce d’ailleurs avoir remplacé un équipement nettoyant. Une défaillance matérielle et un défaut d’entretien des installations sont donc manifestement en cause dans cette prolifération. EDF annonce aussi avoir dilué l’eau pour réduire la concentration des micro-organismes. Mais ce tour de passe-passe ne joue que sur les chiffres. Et cette eau contaminée par les agents pathogènes est ensuite déversée dans la Loire. EDF utilise aussi des litres de produits chimiques biocides, type ammoniac et eau de javel, pour réduire le nombre de légionelles. Des polluants, délétères pour le vivant, qui finissent aussi dans le fleuve. Par son manque d’entretien de ses installations, EDF a donc causé une pollution chimique et microbienne.

Les faits ont été déclarés par l’industriel comme étant significatifs pour l’environnement le 18 avril 2024 [3], soit 10 jours après leur détection. Il faut dire que les résultats ne sont revenus qu’une semaine après le prélèvement. Durant ce laps de temps, 320 0000 colonies de légionelles par litre d’eau ont été rejetées dans l’environnement.

 

[1Unité formant colonie

[2Les légionelles sont des bactéries pouvant être à l’origine d’une infection respiratoire appelée légionellose. Les principales sources d’exposition humaine connues à ces bactéries sont d’origine environnementale, notamment les réseaux d’eau chaude sanitaire ou les tours aéro-réfrigérantes humides. Dans un objectif de réduction des cas de légionellose l’Agence a réalisé depuis plus d’une dizaine d’années divers travaux d’expertise concernant les risques sanitaires liés aux proliférations de Legionella dans l’eau notamment dans les circuits de refroidissement des tours aéroréfrigérantes des centrales nucléaires de production d’électricité et plus récemment concernant les méthodes de détection et de dénombrement de ces bactéries dans l’eau. https://www.anses.fr/fr/content/l%C3%A9gionelles-et-l%C3%A9gionellose

[3Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements

https://www.sortirdunucleaire.org/France-Belleville-Les-legionelles-pullulent