Rencontre avec l’ASN du 20 janvier 2017

24/01/2017 17:02

Rencontre avec l’ASN du 20 janvier 2017


L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de la région Centre et Limousin, représentée par Messieurs Boquel et Ron, a reçu le vendredi 20 janvier une délégation d’associations pour la sortie du nucléaire de la région Centre-Val de Loire.

Celles-ci (ACIRAD Centre, réseau Fukussenheim, Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye) souhaitaient obtenir des explications précises quant à l’inquiétant dysfonctionnement du réacteur Dampierre 2 et à l’aval donné par l’ASN au redémarrage du réacteur Dampierre 3 alors même que les anomalies de l'acier constitutif du générateur de vapeur ont été constatées.

Concernant le réacteur 2, il est entendu que l’absence de signalement par l'exploitant (EDF) de son inquiétant dysfonctionnement (défaut d'étanchéité au niveau du condenseur du circuit secondaire, avec, par période, un vacarme assourdissant) a rendu impossible les mesures nécessaires que l'ASN aurait sinon réalisées. A des inspecteurs de passage pour contrôle systématique, la défaillance a été dissimulée. L'ASN, en l'absence des dites mesures, se déclare donc dans l’impossibilité de sanctionner EDF, faute d’avoir pu constater les écarts réglementaires bien qu’il y ait eu double absence de signalement.
Néanmoins elle affirme veiller attentivement à ce qu'il n'y ait pas dégradation supplémentaire de la situation auquel cas une réparation en urgence serait programmée avec arrêt du réacteur.

Concernant le réacteur 3, remis en service le 12 janvier, quel est le problème ?
Pour l’ASN, le générateur de vapeur est fragilisé par une teneur excessive de carbone dans l'acier le constituant, qui entraîne des zones défectueuses dans ce dernier. Il nous a été confirmé par ces ingénieurs, dont nous reconnaissons la compétence, que la rupture du générateur de vapeur entraînerait un accident nucléaire majeur. Il faut donc veiller à ce qu'il ne se rompe pas. L’exploitant se doit de réduire au maximum l’amplitude des « chocs thermiques » auxquels l'acier pourrait ne pas résister. Les mesures pour minimiser ce risque portent le nom de « mesures compensatoires » dans le langage de l'ASN.
L’autorisation de redémarrage a donc été donnée et est valable jusqu'à la prochaine visite décennale.

L'ASN affirme donner un avis technique dûment étayé, à l’écart de toute pression politique ou économique, notamment de la pression qu’EDF fait peser médiatiquement sur la nécessité de produire à pleine capacité en cette période de « grand froid ».

Par ailleurs, la Cour des comptes estime à plus de 100 milliard d'euros le coût des travaux rendus obligatoires par l’ASN pour autoriser le prolongement du parc nucléaire au-delà de 40 ans.

Nous affirmons, nous, l’impérieuse nécessité de transférer ces sommes considérables aux investissements dans une transition énergétique respectant notre santé et notre environnement et l’avenir des générations suivantes !
Dans cette logique, nous pensons donc qu’il faut réparer au plus vite le réacteur n°2 de Dampierre et arrêter définitivement le n°3 au vu du coût d’un nouveau générateur de vapeur, et de l’âge avancé de Dampierre 3 plutôt que de remplacer ce dernier.
Nous ne voulons pas d'un autre Tchernobyl ou d'un autre Fukushima ni en France ni dans le reste du monde.
Quand l'accident majeur aura eu lieu, à quoi nous servira de pouvoir nommer les responsables ?

Orléans, le 24 janvier 2017
ACIRAD Centre, réseau Fukussenheim, Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye