Naufrages d'une centaine de navires chargés de produits toxiques et/ou radioactifs en mer Méditérannée

09/09/2019 16:37

Le poison de la mafia et la loi du silence

C'est ici, la video

"Alors que les activistes écologistes tirent la sonnette d’alarme depuis plus de vingt ans pour que la Calabre ne devienne pas la décharge de l’Europe, les pouvoirs publics restent inactifs.

Dans le sillage du journaliste Sandro Mattioli, une enquête sur le trafic de déchets toxiques en Calabre, qui impliquerait la toute-puissante mafia locale, la ‘Ndrangheta.

En 1989, c’est par le plus grand des hasards que l’on découvre, dans un village de la province de Cosenza, en Calabre, 60 tonnes de déchets médicaux prêts à être incinérés dans un four industriel.

Un an plus tard, le bateau Rosso s’échoue près de la petite ville côtière d'Amantea. L’épave pourrait avoir servi à transporter plusieurs tonnes de déchets radioactifs évanouis dans la nature. On estime que plus de cent vaisseaux-poubelles comme celui-ci auraient disparu en Méditerranée.

D’autres déchets auraient-ils été enfouis dans la vallée de l’Oliva, où des analyses ont révélé la présence de substances nocives et de césium 137 dans les sols ?

La ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, semble être aux commandes de ce trafic lucratif. Mais alors que les activistes écologistes tirent la sonnette d’alarme depuis plus de vingt ans pour que la Calabre ne devienne pas la décharge de l’Europe, les pouvoirs publics restent inactifs. Les enquêteurs sont placardisés, les procès renvoyés aux calendes grecques et les dossiers les plus sulfureux se perdent dans les archives. Le procureur Federico Cafiero De Raho, ancien cauchemar de la Camorra napolitaine, est néanmoins décidé à donner un coup de pied dans la fourmilière.

Suivi par Christian Gramstadt, le journaliste Sandro Mattioli mène l’enquête sur ce trafic destructeur régenté par l'omerta."

 

Résumé du reportage ARTE, provenant du blog Rosemar

Criminalité environnementale : les pays pauvres reçoivent les déchets des pays riches qui s'en débarrassent.

La mafia calabraise a engrangé, ainsi, des millions d'euros grâce au trafic de déchets radio-actifs. La Calabre, région du sud de l'Italie, véritable paradis sauvage, est au coeur d'un commerce macabre : celui des substances toxiques.

L'appât du gain l'emporte sur tous les risques encourus. Une criminalité environnementale s'organise, au mépris de la santé de la population. 

La Calabre est, ainsi, devenue la poubelle de l'Europe. On y écoule 70 à 80 % des déchets européens.

Dans cette région de l'Italie, la mafia a la main mise sur tout.

Une centaine d'épaves chargées de déchets toxiques radio-actifs se trouveraient, ainsi, au fond de la Méditerranée, des navires qui auraient été coulés et sabordés volontairement...

Un membre du pôle anti-mafia, Natale de Grazia est mort subitement, après un repas... un décès brutal pour le moins surprenant : il enquêtait sur ces navires chargés de déchets, disparus mystérieusement en mer.

Effectivement, de l'uranium enrichi immergé en Méditerranée : c'est là une véritable bombe à retardement...

Et "c'est un sujet dont on ne parle pas, qui fait souffrir les gens en Italie", déclare le journaliste Sandro Mattioli qui a mené une enquête sur le sujet.

En Calabre, beaucoup de gens vivent dans la misère : la mafia calabraise contrôle tout, à son propre avantage. Trois clans se partagent le pouvoir. Près de 60 % de la jeunesse calabraise est au chômage : racket et violences dominent le climat social.

La décharge illégale de Zimpario a, ainsi,  recueilli pendant des décennies des déchets sur plus de 40 hectares. De nombreuses familles de la région sont touchées par le cancer du poumon.

Les déchets viennent de toute l'Europe, d'Autriche, de France et d'Allemagne, de tous les pays qui possèdent des centrales nucléaires. 600 décharges en Calabre !

En 2014, 600 tonnes d'armes chimiques en provenance de Syrie ont été chargées à bord du navire américain Cape Ray, en plein milieu du port de Gioia Tauro. Les habitants sont descendus dans la rue pour protester, en vain...

Veolia, entreprise française a acheté dans la région une usine d'incinération de déchets qu'elle s'est empressée de revendre 3 ou 4 ans plus tard : ce monstre produit des dioxines et des particules fines néfastes pour la santé des gens. Et le PDG de Veolia prétend "ressourcer" le monde !

Fraude, corruption, trafic illégal de déchets en bande organisée : telle serait la réalité de cette entreprise. Après le départ de Veolia, les municipalités doivent gérer seules le traitement de leurs déchets, et c'est la porte ouverte à de nombreuses dérives...

Les multinationales viennent négocier des contrats au niveau local, quitte à traiter avec le milieu criminel.

Une autre multinationale est impliquée : Eurogate, poids lourd européen des opérateurs de terminaux qui a été fondé en 1999.

"Ainsi, pour réduire le coût des déchets toxiques, les pays riches sont prêts à faire appel au crime organisé : c'est là une hypocrisie de la part de l'industrie européenne qui préfère payer moins cher ses activités", déclare Francesco Forgione, ancien président de la commission parlementaire anti-mafia.

A Africo nuovo, petite bourgade au bord de la mer ionienne un habitant a dressé la liste des malades et des morts du cancer : sur la via Matteotti, 33 riverains sur 50 ont succombé à des tumeurs.

Et dans toute la région, on assiste à une recrudescence inquiétante du nombre de cancers. Mais pas de statistiques, pas d'analyses systématiques : c'est l'omerta qui s'impose. Les gens ne manifestent pas beaucoup d'émotion, ils se résignent.

Les mafieux ont des contacts avec des hauts fonctionnaires, des médecins, des avocats et des juges. En 2016, un sénateur de Calabre Antonio Caridi est démasqué et incarcéré : on lui reproche ses liens avec la mafia.

A Crotone, 2000 hectares d'espace sont contaminés : arsenic, phosphate, ciment contenant des métaux lourds.

Deux écoles ont été fermées, car elles étaient construites sur et avec des matériaux toxiques... un véritable désastre écologique et social dans une région où les puissants clans mafieux poursuivent leur activité criminelle et leur commerce lucratif. Mais, on fait comme si tout allait bien.

Au total, 696 sites contaminés dans la région ! Et les cancers de toutes sortes se multiplient.

En 2017, des organisations écologistes ont effectué une demande d'assainissement auprès de l'Union européenne.

"Sans coupable, aucun financement ne sera débloqué", telle fut la réponse de Bruxelles.

C'est l'omerta qui prévaut. Et seuls ceux qui se taisent survivent.

Ces trafics honteux cautionnés par l'Europe, par les industriels, anéantissent des populations : le profit, l'argent sont au coeur de ces affaires.

 

 

Un site et une carte des naufrages suspects d'un centaine de navires chargés de produits toxiques et/ou radioactifs en mer Méditérannée

Sur le site

https://infondoalmar.fatcow.com/

on peut visualiser la carte des bateaux coulés en mer méditérannée ! Les citoyens et journalistes sont invités à faire des enquêtes sur chaque accident et à contribuer à la base de données !

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in.fondo.al.mar (sous la mer) est un projet de visualisation de l'information et de journalisme axé sur les données qui vise à offrir sur le Web une boîte à outils pour enquêter sur une série d'incidents de naufrage survenus en Méditerranée au cours des 30 dernières années - impliquant des navires soupçonnés d'avoir transporté des déchets toxiques et radioactifs.

Ils ont été appelés "navires empoisonnés", "navires toxiques", "navires jetables". Ce sont des dizaines de navires de commerce, qui ont sombré mystérieusement au cours des trente dernières années dans la mer Méditerranée.
L'Aso s'est effondré en 1979, au large de la ville de Locri en Calabre, dans le sud de l'Italie; le Rigel a délibérément sombré au large de Reggio Calabria en 1987, le Marco Polo a sombré dans le canal de Sicile en 1993, ainsi que des dizaines d'incidents moins connus qui se sont produits au cours des dernières années.

La suspicion qui plane autour de ces accidents est inquiétante. Les navires auraient été délibérément coulés par un réseau de groupes mafieux, d’entrepreneurs sans scrupule et de cols blancs, qui se sont débarrassé à moindre coût, de tonnes de déchets toxiques, chimiques et radioactifs pour réaliser des bénéfices impressionnants aux dépens de la santé publique. Outre ces chiffres, les gouvernements occidentaux et les services secrets auraient également participé à ce trafic.

Le site Web publie pour la première fois toutes les données officielles sur les incidents obtenus grâce à une recherche approfondie menée sur le registre du Lloyd's à Londres, ainsi que des informations d'archives provenant de coupures de presse, de dossiers produits par des organisations de défense de l'environnement et de sites Web spécialisés, afin de produire une base de données ouverte sur le dossier, que les utilisateurs pourront télécharger gratuitement et utiliser pour d’autres projets.

Les cartes, chronologies et autres formes de visualisation d'informations permettent de comprendre cette masse de données et d'identifier des analogies dans les lieux et les modalités des incidents, dans les cargaisons déclarées et dans les itinéraires, les ports d'arrivée et de départ des navires. les navires suspects, fournissant ainsi un tremplin pour des enquêtes ultérieures. In.fondo.al.mar vise à ouvrir une enquête populaire et participative sur le dumping toxique et radioactif en mer Méditerranée face à l'inertie des institutions nationales et internationales dans cette affaire.

Il invite les citoyens à intervenir dans la construction d'une carte du scandale à la base afin de clarifier l'étendue de cette pratique et d'envisager les conséquences possibles pour la santé publique et l'environnement. Les utilisateurs peuvent soumettre des informations sur les incidents navals suspects et ajouter des informations sur les cas déjà affichés par le site Web. Les soumissions des utilisateurs sont ensuite filtrées par un bureau composé de journalistes et de chercheurs maritimes responsables de la vérification du contenu généré par les utilisateurs.

La base de données collective sur le scandale obtenue grâce à ce processus en deux étapes est affichée sous forme de cartes, de chronologies, de pages de statistiques et d'autres formes complexes de visualisation d'informations, ce qui permet de rendre ce scandale complexe également compréhensible par des personnes sans connaissance préalable.

 

Voir aussi le dosumentaire

Océans : Les poubelles radioactives 

02/03/2019 19:13

Documentaire Français d’Arte de 2013 - à voir ici

Près des côtes européennes reposent plus de 100 000 tonnes de déchets radioactifs, jetés à la mer, puis oubliés : une pratique interdite depuis 1993.

Les réalisateurs partent à la recherche de déchets nucléaires engloutis, guidés par un militant écologiste qui, à l'époque, a tenté de barrer la route aux bateaux chargés de fûts toxiques. Ils rencontrent des responsables politiques, des membres de Greenpeace et des scientifiques, à qui ils soumettent les échantillons prélevés. Ils mettent ainsi au jour un phénomène nié ou dissimulé. Pourtant, alors que le stockage en mer est interdit depuis 1993, il est toujours légal d'y rejeter des eaux contenant des radionucléides. Immerger des fûts de matières irradiées en pleine mer semble aujourd'hui scandaleux, mais cette technique a été considérée comme une forme de stockage scientifiquement justifiée : à plus de 4500 mètres de profondeur, la radioactivité était censée s’éliminer par dilution.

 

 

La Méditerranée convertie en cimetière de déchets toxiques par la mafia

L'article complet

C'est grâce aux déclarations à la justice du repenti de la 'Ndrangheta (mafia calabraise) Francesco Fonti, que l'épave du cargo Cunsky, coulé en 1992 par son organisation, a pu être retrouvée le 12 septembre 2009 au large des côtes de la Calabre.

Selon les confessions de mafieux repentis, « la 'Ndrangheta a été payée ces vingt dernières années pour se débarrasser de déchets radioactifs en mer», Des bateaux coulés par le mafia avec à bord des produits toxiques tels que le thorium 234, le plutonium ou le sulfate d'ammonium, selon le parquet de Reggio-Calabria.

Les explosifs, destinés à un usage militaire, provenaient des Pays-Bas et les déchets nucléaires de Norvège.

La 'Ndrangheta  a aussi «transporté des milliers de fûts radioactifs en Afrique».